2023 fut une année morose sur le marché de l’emploi au Luxembourg. Les principaux indicateurs qui témoignaient d’une embellie en 2022 se sont littéralement retournés, affichant à la fois une hausse du nombre des demandeurs d’emploi (+15,5%) en fin d’année et une baisse marquée du nombre d’offres d’emploi déclarées à l’ADEM (-36%).
Face à cette situation, la Stratégie ADEM 2025 déployée depuis l’an dernier reste d’une importance cruciale pour soutenir le marché de l’emploi, tant du côté de ses principaux clients, demandeurs d’emploi, salariés et employeurs, que de la panoplie de nouveaux services et innovations afin de répondre aux attentes des citoyens et accroître son efficacité interne.
Dans cette version digitale de son rapport annuel, l’ADEM a choisi de présenter les grands indicateurs du marché du travail, les thèmes majeurs de sa stratégie pour faciliter l’emploi ainsi que certaines actions menées en faveur des demandeurs d’emploi et des employeurs.
Nous devons anticiper les défis du marché du travail, tout en répondant simultanément à la pénurie de main-d'œuvre… Le reskilling et l'upskilling jouent un rôle crucial pour aider les salariés à s'adapter aux exigences d'un monde du travail en mutation. "
— Georges Mischo
Georges Mischo, ministre du Travail
Le contexte géopolitique et économique actuel est difficile. Et cela entraîne des répercussions
directes sur notre marché du travail. De même que la transition technologique, écologique et
sociale.
Dans ce contexte, nous devons mener une politique de l'emploi innovante, pour...
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Georges Mischo, ministre du Travail
Le contexte géopolitique et économique actuel est difficile. Et cela entraîne des répercussions
directes sur notre marché du travail. De même que la transition technologique, écologique et
sociale.
Dans ce contexte, nous devons mener une politique de l'emploi innovante, pour favoriser la
résilience et une adaptation proactive à ces nouveaux défis. La pénurie de talents, le Skills Gap et
nos efforts collectifs pour maintenir les gens en emploi sont les préoccupations du gouvernement,
des entreprises et de notre société.
Le reskilling et l'upskilling jouent un rôle crucial pour aider les employés à s'adapter aux exigences
d'un monde du travail en mutation. Il s'agit d'anticiper les défis futurs du marché du travail tout en
répondant simultanément à la pénurie de main-d'œuvre.
En ce sens, je salue les efforts de l'ADEM pour analyser plus en profondeur le marché de l’emploi.
Les dix études sectorielles et le tableau de bord Jobinsights.lu sont des instruments importants pour
mieux comprendre les besoins futurs en compétences et développer une offre de formations « sur
mesure ».
Le maintien dans l'emploi est essentiel pour éviter les effets négatifs d'une restructuration
d'entreprise et épargner le chômage aux employés et aux entreprises en difficulté. Le gouvernement
est en train de réexaminer le renforcement du rôle de l'ADEM dans cette mission. L'ADEM pourrait
devenir une instance encore plus importante pour les entreprises confrontées à un « plan de
maintien dans l'emploi ».
De plus, l'ADEM, en collaboration avec les chambres professionnelles, joue un rôle clé dans la
formation des salariés. Dans le cadre de ces collaborations, nous essayons de garantir une
surveillance permanente des besoins du marché de l’emploi. Cela vaut également pour l'élaboration
de programmes adaptés pour les demandeurs d'emploi, les salariés et les employeurs de divers
secteurs économiques.
Je voudrais remercier toutes les équipes et la direction de l'ADEM, qui font de l'ADEM une agence
moderne et professionnelle. Merci pour tous vos efforts quotidiens pour accompagner des milliers
de demandeurs d'emploi vers de nouvelles perspectives professionnelles !
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Notre offre de services digitalisés accorde plus d’autonomie aux demandeurs d’emploi et aux employeurs qui le souhaitent… ce qui nous permet en parallèle de consacrer davantage de temps aux personnes qui ont besoin d’un accompagnement plus individualisé."
— Isabelle Schlesser
Isabelle Schlesser, directrice de l’ADEM
Comment le marché de l’emploi s’est-il porté l’année dernière ?
2023 fut une année un peu plus difficile sur le marché de l’emploi, en raison d’un ralentissement
général de l’économie qui a eu des retombées sur nos chiffres.
15,5% de personnes...
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Isabelle Schlesser, directrice de l’ADEM
Comment le marché de l’emploi s’est-il porté l’année dernière ?
2023 fut une année un peu plus difficile sur le marché de l’emploi, en raison d’un ralentissement
général de l’économie qui a eu des retombées sur nos chiffres.
15,5% de personnes en plus se sont inscrites à l’ADEM et surtout, le nombre d’offres d’emploi a
baissé de 36%, ce qui résulte dans de moindres opportunités pour les gens qui cherchent du travail.
Fin décembre 2023, le taux de chômage était à 5,5%, ce qui est plus haut que l’année précédente,
mais relativement bas au niveau européen.
Quel est selon vous l’objectif le plus pertinent de la Stratégie ADEM 2025 ?
Nous nous sommes fixé une stratégie avec neuf objectifs stratégiques et de fait tous sont
importants. Si je dois citer l’objectif le plus pertinent, je dirais que c’est le fait de mieux connaître
nos clients, pour leur offrir des services meilleurs et plus personnalisés.
Je peux donner un exemple : nous avons commencé en juillet 2023 à inviter tous les demandeurs
d’emploi à passer des tests de langues en ligne, pour déterminer leurs connaissances linguistiques.
Auparavant, nous travaillions sur une base déclarative ; désormais, nous avons une méthode
objective qui a déjà été employée pour de nombreux demandeurs d’emploi. Ce test en ligne est un
test écrit et le passer est relativement rapide. Il nous permet de mieux connaître les compétences
linguistiques de chaque personne, ce qui était notre but afin d’identifier celles qui ont besoin de
faire des formations linguistiques.
Pourquoi est-il important que l’ADEM numérise certains de ses services ?
En effet, il est très important que l’ADEM numérise ses services, notamment pour deux raisons.
La première est que nous avons de plus en plus de demandeurs d’emploi qui le demandent, pour
bénéficier de manière autonome des services de l’ADEM. Nous voyons très bien que si nous offrons
un service digital, il est très bien accueilli par nos clients et au fil des ans, l’utilisation de nos services
digitaux ne cesse d’augmenter.
Pour ce qui concerne l’inscription, par exemple, désormais un quart des demandeurs d’emploi
réalise la totalité de cette démarche en ligne.
Pour les offres d’emploi, c’est plus d’un tiers des postes vacants qui sont déclarés en ligne.
Nous proposons aussi un service digitalisé pour certaines demandes d’aides financières, notamment
pour les aides à la formation professionnelle et là, nous avons atteint l’an dernier un taux de plus de
84% des demandes introduites via MyGuichet.
Nous avons également un JobBoard depuis plusieurs années, où sont publiées toutes les offres
d’emploi et auquel tous les demandeurs d’emploi ont accès. Ils ont la possibilité d’enregistrer leurs
CV, pour qu’ils soient directement accessibles aux employeurs.
Et là aussi, nous avons observé un développement positif ces dernières années. De plus en plus de
clients utilisent le JobBoard… même s’il reste encore une petite marche à franchir, pour ce qui
concerne notamment la mise en ligne de CV.
Comme je l’ai dit précédemment, les services digitalisés permettent à nos clients de travailler de
façon plus autonome, quand ils le souhaitent.
De ce fait – et c’est la deuxième raison pour laquelle il est important de numériser nos services – le
temps que nous « gagnons » ainsi nous permet d’assister davantage les personnes qui en ont besoin,
quand cela fait sens.
Par exemple, en 2023, nous avons renforcé notre service de coaching pour les jeunes demandeurs
d’emploi, parce que nous avons constaté un réel besoin de parler avec un coach pour avoir une
meilleure idée de ce que pourrait être un projet professionnel réaliste.
Donc, grâce au temps libéré par les services digitalisés, nous pouvons investir davantage de temps
pour aider les personnes qui en ont vraiment besoin.
Comment l’ADEM peut-elle contrer l’écart croissant des compétences ?
Le Skills Gap est en effet une grande thématique, chez nous, au Luxembourg, comme dans tous les
pays européens. Cela se traduit par le fait que les profils des gens inscrits à l’ADEM ne correspondent
pas toujours à ceux que recherchent les entreprises.
Naturellement, la première chose que l’on peut faire pour contrer cela, c’est de la formation. Et il
convient de déterminer le type de formations avec lesquelles les demandeurs d’emploi peuvent
obtenir les qualifications demandées.
Dans cette optique, nous avons fait beaucoup d’efforts. Depuis 2019, le nombre de personnes ayant
bénéficié d’une formation via l’ADEM a quadruplé. Il s’agit soit de formations que nous organisons
nous-mêmes avec nos partenaires, soit de formations que nous soutenons avec une aide financière.
Si on regarde les chiffres, en 2023, nous avons enregistré plus de 6.600 participations à des
formations, un record. Mais là aussi, il reste quelques marches à gravir pour améliorer ce nombre,
car les formations sont vraiment la réponse principale au Skills Gap.
Pour augmenter le nombre de participations, nous avons commencé à investir davantage dans le
eLearning, avec une offre étendue de cours digitaux, notamment dans le domaine des langues.
D’ores et déjà, les demandeurs d’emploi reçoivent de notre part – dans un cadre actuellement limité
que nous voulons élargir – des licences gratuites pour suivre des formations linguistiques avec
Babbel.
Et puis, je souhaite ajouter encore un mot en ce qui concerne le Skills Gap…
Si des profils pour des postes très spécialisés sont recherchés et qu’on ne peut pas les trouver sur
notre marché de l’emploi, il est bien sûr important que l’on regarde aussi au-delà de nos frontières.
Sur ce point, 2023 fut aussi une année importante, parce qu’en septembre une nouvelle loi est
entrée en vigueur, qui simplifie l’embauche de personnes de pays non-européens, dans les métiers
où il est très difficile de trouver une main-d’œuvre qualifiée chez nous.
Cette loi a eu un grand succès, puisque depuis entre son entrée en vigueur et jusqu’à la fin
décembre 2023, plus de 75% des certificats que l’ADEM a délivrés aux employeurs, puisqu’ils
puissent embaucher des personnes en provenance de pays tiers, sont basés sur cette loi et portent
sur des métiers très en pénurie. Ce qui est un grand succès pour cette nouvelle législation sur
l’immigration !
Merci aux agents de l’ADEM !
Pour terminer, je tiens à dire que l’année 2023 fut une année très dense pour l’ADEM, avec
beaucoup de nouvelles activités et, bien sûr, ce sont nos agents de terrain qui font toute la
différence.
700 agents sont là pour nos clients et je veux profiter de cette occasion pour leur dire un très grand
merci ! C’est un très bon travail qui a été effectué en 2023 et j’espère – mais en fait j’en suis
persuadée – que nous allons continuer dans cette direction en 2024.
Réduire
Bien que le marché de l’emploi poursuive sa croissance, les indicateurs montrent une évolution défavorable de sa dynamique. Un retournement conséquent qui atteste d’un reflux vers les chiffres enregistrés avant le début de la crise sanitaire, il y a près de quatre ans.
Le taux de chômage au Luxembourg, à 5,5% au 31 décembre 2023 (soit une hausse de 0,7 point sur un an), se situe largement en-dessous de celui calculé par Eurostat au sein de la zone euro, établi à 6,4% à la même date.